En 2023, dans un silence feutré, les unités de production françaises de granulés de bois ont tourné à plein régime. En jeu ? Bien plus qu’un simple confort thermique. À l’heure où les énergies fossiles vacillent et où les prix du gaz s’emballent, les pellets de bois s’imposent comme une solution à la fois locale, durable et économiquement stable. Face à la crise énergétique, les Français se tournent vers une chaleur plus sobre, plus propre, mais surtout plus maîtrisée.
Chez Granéco, nous observons cette dynamique de l’intérieur. Notre engagement en faveur d’un chauffage bois responsable nous permet de mesurer les enjeux concrets de cette montée en puissance. Ce que nous vous proposons ici, c’est de prendre un peu de recul sur cette accélération de la production française de granulés : pourquoi cette croissance est-elle nécessaire ? Comment s’organise concrètement la filière ? Quels sont les objectifs à horizon 2028, et les défis à relever pour s’y préparer ? En tant qu’acteur engagé de la biomasse, nous vous ouvrons les portes d’un secteur en pleine ébullition, à la fois discret et stratégique.
SOMMAIRE ✂️
Pourquoi la France augmente sa production de granulés de bois
Un contexte énergétique tendu post-2022
La flambée des prix du gaz et de l’électricité
Depuis 2022, le marché de l’énergie a connu des secousses historiques. Le prix moyen du mégawattheure électrique a doublé en moins d’un an, tandis que celui du gaz a grimpé de plus de 120 % sur certaines périodes (source : CRE, 2023). Face à cette instabilité, les ménages cherchent des alternatives fiables, locales, et prévisibles. C’est ici que les granulés de bois, ou pellets, entrent en scène.
Produits à partir de sciures et copeaux compressés, les pellets offrent un coût stable, souvent inférieur à celui des énergies fossiles. En pleine crise énergétique, ce petit cylindre de bois a su tirer son épingle du jeu et s’imposer comme un choix de bon sens. On ne parle plus seulement d’un retour au chauffage au bois : on assiste à une véritable mutation énergétique.
Le retour en force du chauffage au bois
En 2023, près de 180 000 poêles à granulés ont été vendus en France (source : Propellet), contre 140 000 en 2020. Le bois n’est plus réservé aux maisons rurales ou aux amoureux de la flamme. Il devient une réponse concrète aux enjeux économiques et environnementaux. Silencieux, programmables, performants, les appareils de chauffage à pellets s’intègrent désormais dans tous types de logements.
La demande des consommateurs explose
Les ventes de poêles à granulés en forte hausse
Entre 2021 et 2023, les ventes d’équipements à granulés ont augmenté de près de 30 %. Cette croissance s’explique par un triple phénomène : des aides publiques renforcées (MaPrimeRénov’, CEE), une volonté des Français de reprendre le contrôle sur leurs dépenses d’énergie, et un engouement pour les solutions bas-carbone. Le chauffage au pellet n’est plus un choix alternatif, c’est devenu une norme pour de nombreux foyers.
Le bois, un combustible perçu comme économique et local
Le granulé de bois est produit à 85 % en France (source : Propellet, 2024). Contrairement au gaz ou au fioul, il ne dépend pas des cours mondiaux ou des conflits géopolitiques. C’est une énergie de proximité, issue de ressources locales et valorisant les sous-produits de l’industrie du bois. En somme, chauffer au pellet, c’est un peu comme faire du circuit court énergétique.
Un levier pour la transition écologique nationale
Le granulé, un combustible à faible émission
Le pellet de bois, en combustion, émet jusqu’à 12 fois moins de CO₂ que le fioul et 6 fois moins que le gaz (source : Ademe). Grâce à des appareils de dernière génération, les émissions de particules fines sont également fortement réduites, rendant ce mode de chauffage compatible avec les exigences environnementales actuelles.
Objectif neutralité carbone en 2050 : le bois en renfort
La France vise la neutralité carbone d’ici 2050. Pour y parvenir, toutes les filières renouvelables doivent être mobilisées. Le granulé de bois joue un rôle clé dans cette stratégie, notamment pour le secteur résidentiel. Il permet une réduction massive des émissions tout en préservant le confort thermique. Les prévisions tablent sur 3 millions de tonnes de granulés produits par an en France d’ici 2028. Une ambition forte, mais nécessaire.
État des lieux de la production de granulés de bois en France
Une montée en puissance industrielle
70 usines actives en 2023, 270 000 tonnes de plus
En 2023, la France a atteint un cap symbolique dans la filière bois-énergie : 70 usines de production de granulés de bois étaient en activité sur le territoire (source : Propellet). Cette dynamique a permis de produire 270 000 tonnes supplémentaires de pellets par rapport à l’année précédente, portant la production nationale à environ 2,3 millions de tonnes. Un bond significatif qui répond à la hausse de la demande, mais aussi à la volonté de sécuriser l’approvisionnement local.
Ce développement ne se fait pas au hasard. Il s’inscrit dans une stratégie claire : produire plus, mais produire mieux.
Trois nouvelles unités de production prévues en 2024
Pour suivre le rythme, trois nouvelles usines doivent voir le jour en 2024. Ces projets viendront renforcer la résilience de la filière et contribuer à l’objectif de doubler la capacité nationale d’ici 2028, soit plus de 4 millions de tonnes par an. Un pari ambitieux, mais nécessaire pour faire face à la croissance du nombre de foyers chauffés au granulé.
Où sont fabriqués les granulés ?
Répartition géographique des sites de production
Les usines de pellets de bois sont implantées au plus près des ressources : scieries, forêts, plateformes de collecte de sous-produits. On les retrouve principalement dans l’ouest, le centre et le sud-est du pays. Cette logique de proximité permet de réduire les coûts de transport, de limiter l’empreinte carbone et d’assurer un meilleur suivi de la chaîne de production.
Rôle des régions forestières françaises
Des territoires comme la Nouvelle-Aquitaine, la Bourgogne-Franche-Comté, ou encore l’Auvergne-Rhône-Alpes jouent un rôle majeur dans l’approvisionnement en matière première. Ces régions concentrent à elles seules une grande part du gisement mobilisable (sciures, copeaux, bois non valorisés). Elles sont aujourd’hui au cœur de la transition vers une production de pellets plus circulaire, plus ancrée dans les territoires.
Un marché en structuration constante
Le rôle des acteurs comme Propellet
Pour encadrer cette croissance rapide, des acteurs comme Propellet France, l’association nationale du chauffage au granulé de bois, assurent un rôle central. Ils fédèrent les producteurs, les distributeurs et les installateurs, et garantissent le respect de bonnes pratiques sur l’ensemble de la filière. C’est aussi grâce à eux que le pellet français gagne en transparence et en reconnaissance auprès des consommateurs.
Normes de qualité (ENplus, DINplus) pour rassurer les consommateurs
Dans un marché en plein essor, la qualité ne doit jamais passer au second plan. C’est pourquoi les certifications ENplus et DINplus sont devenues des références incontournables.
Elles garantissent un taux d’humidité contrôlé, un faible taux de cendre, une combustion efficace et une absence d’additifs chimiques.
Quels sont les objectifs et les défis à horizon 2028 ?
Doubler la capacité de production : un objectif ambitieux
Pourquoi viser 3 millions de tonnes ?
Derrière ce chiffre, il y a un cap clair : sécuriser l’approvisionnement pour les années à venir. En 2023, la France a produit environ 2,3 millions de tonnes de granulés de bois (source : Propellet). L’objectif de 3 millions de tonnes d’ici 2028 répond à une logique simple : accompagner la transition énergétique tout en réduisant notre dépendance aux énergies importées. Plus de granulés, c’est plus d’autonomie énergétique pour les particuliers comme pour les collectivités.
Répondre à une demande domestique croissante
Chaque année, plus de 180 000 nouveaux foyers choisissent le poêle à granulés comme solution principale ou complémentaire de chauffage. Cette hausse n’est pas une mode passagère : c’est une tendance de fond. Et pour y répondre durablement, la filière doit anticiper, investir et s’organiser. Chez Granéco, nous constatons chaque hiver cette montée en flèche des besoins : le granulé de bois est devenu un choix de confiance.
Les défis à relever pour y parvenir
Approvisionnement durable en matière première
Produire plus de pellets implique de sécuriser davantage de matière première. Heureusement, le gisement existe : les résidus de scieries, plaquettes forestières et bois non utilisés représentent un potentiel encore sous-exploité. Mais cette ressource doit être collectée, traitée et valorisée de façon responsable. C’est le cœur de notre engagement chez Granéco : transformer ce qui est souvent jeté en énergie utile.
Enjeux logistiques et coûts de transport
Une production accrue nécessite aussi une logistique bien huilée. Transport du bois brut, livraison des granulés, gestion des stocks : chaque maillon compte. Plus la distance est courte, plus le prix est maîtrisé. C’est pourquoi la relocalisation des usines au plus près des forêts ou des scieries est devenue un enjeu stratégique majeur.
Maintenir des prix stables pour les consommateurs
La flambée des prix en 2022 a laissé des traces. Les consommateurs attendent désormais de la stabilité. Pour cela, il faut limiter les importations, investir dans des chaînes de production locales, et mutualiser les coûts. Le défi est clair : produire plus sans faire grimper la facture. Un équilibre délicat, mais essentiel pour maintenir la confiance dans la filière.
Et demain ? Innovations et alternatives
Des granulés à base d’olivier, miscanthus, ou déchets agricoles
Si le bois reste la base, de nouvelles sources émergent. Résidus d’oliviers en Méditerranée, miscanthus (herbe géante), coques de fruits ou déchets agricoles : ces matières peuvent être transformées en granulés alternatifs. Le rendement calorifique est parfois supérieur, même si la gestion des cendres reste un point de vigilance. Ces pistes ouvrent la voie à une diversification de l’offre, notamment en zones non forestières.
Vers une production plus circulaire et zéro déchet
La filière vise désormais un modèle zéro perte. Les déchets deviennent matières premières. Les sciures deviennent énergie. Les cendres deviennent engrais. L’économie circulaire n’est plus un concept : elle s’applique à chaque étape de la production de pellets. À travers cette approche, Granéco participe à une transition énergétique plus responsable, où chaque ressource a une seconde vie.
Conclusion
Si la France parvient à doubler sa production, elle deviendra un leader européen de la biomasse domestique. Mais pour cela, la filière devra relever un défi de taille : concilier volume, qualité, et durabilité. La hausse de la demande impose une logistique plus fine, un approvisionnement sécurisé, et une innovation constante pour garder une longueur d’avance.